
Pourquoi passons-nous le plus souvent par la bouche pour maltraiter notre corps ?
La bouche est la voie privilégiée pour s’en prendre à soi parce qu’elle nous renvoie à la façon de nous nous sommes construits. Le comportement alimentaire, indispensable à notre survie, a constitué nos premiers pas dans la vie et le premier organisateur de notre être en dehors du ventre maternel. C’est une étape fondamentale pour apprendre à Etre. Ce comportement est d’ailleurs un des pivots du modèle psychanalytique à travers le stade oral. Voilà pourquoi nous y revenons souvent !
En effet, à la naissance, les tous premiers rapports du nouveau-né avec la réalité environnante sont rythmés par les soins de la mère (ou faisant fonction) qui concernent essentiellement la sphère digestive. L'enfant doit apprendre qu'il existe en tant qu'être indépendant de sa mère. Cette phase orale est le premier organisateur de la personnalité. L'aliment consommé, véhicule privilégié des premiers échanges affectifs, s'en trouve enrichi de valeurs tout autres que nutritives. Les lois du conditionnement, ainsi bien que celles qui président à la symbolisation, concourent à lui conférer des significations affectives diverses. Celles-ci deviennent organisatrices des goûts et des dégoûts du sujet, selon une logique où la physiologie participe bien peu. L'apparence de l'aliment, sa texture, le contexte affectif auquel il est associé, la nature des opérations qu'implique son absorption, les qualités et les valeurs qui lui sont attribuées par l'environnement familial et ethnique, contribuent tous à déterminer la valence positive, négative ou indifférente, que revêt tel ou tel aliment pour un individu donné.
L’oralité se construit dès la naissance : La faim, liée à la déperfusion du bébé (rupture du cordon ombilical) est ressentie comme un inconfort (une tension). La nourriture est associée à une sensation confortable coïncidant à la disparition de la tension. Cette séquence confort-inconfort associée à la satisfaction du besoin préfigure le couple antagoniste plaisir-déplaisir. Elle évolue progressivement en amour pour la "bonne" mère, issu du plaisir qu'elle dispense en soulageant la tension, et en haine pour la mère "mauvaise" (ou absente) quand elle tarde à répondre et impose un délai inacceptable (insupportable). Ces expériences positives ou négatives sont associées à l'absence ou la présence de la mère, alors assimilée à la sensation de nourriture, et donc à la nourriture elle-même. A ce stade, le lait, le sein et la mère sont confondus.
Le délai entre l'apparition de la tension et la réponse maternelle permet à l'appareil psychique d'organiser ses premières représentations mentales et à l'enfant d'exister comme individu vivant. Afin de favoriser cette mise en place, le délai doit procurer une frustration tolérable par l'enfant. Ni trop ni trop peu, c'est le concept de la mère suffisamment « bonne » pour favoriser un développement harmonieux. Le plaisir du rassasiement se transforme peu à peu en amour de la mère. Le bébé a d'autres besoins que l'alimentation.
Ainsi, présenter au nourrisson la seule réponse alimentaire aux diverses sollicitations semble inadaptée à sa demande. Des réponses maternelles monotones sur un unique mode peuvent être à l'origine de troubles alimentaires à l'âge adulte. La nature et la qualité des premiers échanges vécus à cette période autour de l'alimentation infléchissent l'intégralité de la vie relationnelle (intellectuelle et affective) de l'adulte. La bouche et le système digestif représentent le lieu privilégié des échanges entre le nourrisson et son environnement. A partir de ces premières sensations corporelles, l'enfant expérimente sa connaissance du monde. Cela constitue le premier temps du fonctionnement de son intelligence dont les capacités s'enrichissent au fur et à mesure de la diversité des expériences vécues.
Les activités cognitives sont issues de cette phase orale et directement liées aux plaisirs et déplaisirs accompagnants cette étape.
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