
Comme toutes les années, c'est la rentrée…
Les jours se raccourcissent, le thermomètre diminue, il pleut parfois pour nous faciliter les choses. Lorsque nous étions enfants, le rituel était bien rythmé. On laissait derrière nous les vacances, les copains, les amours de l'été pour se retrouver chez soi à ranger son bureau, à acheter ses fournitures et faire son cartable. En effet, avant la rentrée, il y avait la prérentrée avec un petit tour chez le coiffeur, au supermarché ou autres boutiques pour s'acheter son nouveau trousseau. Nous regardions avec envie ceux qui arrivaient avec insouciance la veille tout bronzé des derniers rayons de soleil glanés. La page se tournait clairement même si pour certains, "rentrée" voulait dire avec un peu de douleur "fini le temps des vacances, ou "voici le temps du travail" accompagnés parfois d'immenses soupirs. Pour ma part, enfant, j'adorai la rentrée car c'était l'occasion de revoir mes amis. J'avais plein de choses à leur raconter. C'était aussi la promesse d'une nouvelle aventure scolaire avec un appétit immense de ces nouvelles choses à découvrir et à apprendre, pour ses challenges scolaires à surmonter. Maintenant, lorsque je raconte que j'adorais l'école, on me prend, en riant, pour un "fou".
Oui, j'aimais l'école, celle de la république, de Pagnol et du capitaine du "Cercle des poètes disparus". Dans mon école, un instituteur ou un professeur était quelqu'un de respectable qui nous permettait de construire un avenir. Depuis, les choses ont bien changé. A notre époque, on consomme plutôt l'instant présent. Les enseignants sont devenus des employés de l'Etat qui ne sont là que pour appliquer les dernières directives de petits Colbert qui chaque année pensent avoir inventer le fil à couper le beurre dans un pays de plus en plus réglementé. Ceux qui ont des enfants se demandent comment ils vont faire pour survivre aux dernières directives ubuesque comme les rythmes scolaires, donner une chance à leurs rejetons tout en conciliant leur vie professionnelle Ce goût est peut-être mon coté vieille France qui donne de la valeur à l'école.
En effet, l'école m'a permis de me construire, de grandir et de m'élever. J'y ai rencontré des gens formidables et y ai noué de nombreuses amitiés que je retrouve parfois avec plaisir au hasard d'un réseau. Au fil des années, mon caractère s'est renforcé et je me sens grandi par les épreuves surmontées lors de cette scolarité. Devenu adulte, il n'y a plus beaucoup de "rentrée" en dehors de celles des enfants que je côtoie. La vie est beaucoup moins devant moi et la rentrée rythme de plus en plus le temps qui passe, l'impermanence des choses et la finitude de la vie. Le temps devient plus linéaire. Les seules marches à franchir sont celles de l'âge.
Les vacances ne se prennent pas forcément qu'en été et le monde qui se présente à nous n'est pas toujours plein de promesses. Alors parfois, je songe à ces rentrées d'un temps révolu et j'observe avec sourire comment les sentiments qui paraissaient intangibles s'érodent, comme dirait Léo, avec le temps. Versant désormais dans la culture de l'instant présent, je me sens osciller entre la nostalgie de ces souvenirs d'enfant et la capacité désormais de savourer chaque saison avec ses charmes et ses couleurs. Peter Sellers dans ce fabuleux film "Bienvenue, Mister Chance, dirait après l'été, l'automne… Les pessimistes adeptes de Game of Throne diraient "Winter is coming".
En effet, la rentrée, c'est aussi pour certains la période des révolutions. Octobre s'annonce comme un mois de lutte pour les médecins afin de défendre leur honneur, leurs droits et leur identité. Il est nécessaire de prendre ses responsabilités en s'engageant dans les luttes nécessaires. Alors face à cette rentrée sociale, j'aurais préféré que l'été dure encore ou avoir devant moi les promesses de mes rentrées d'enfant.
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